Covid-19 – État des lieux de la brasserie après 3 semaines de confinement

© Brasseurs de France

Trois semaines après le début du confinement, la filière brassicole lutte pour surmonter la crise. Loin de céder à la fatalité, les brasseurs se retroussent les manches et s’organisent. Entretien avec Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France.

Bière Actu – Après 3 semaines de confinement, comment se porte la filière brassicole française ?

Maxime Costilhes –
Il est trop tôt pour dresser un bilan pour l’ensemble de la filière. On peut constater simplement que 35% du réseau de vente des brasseries est à l’arrêt (cafés, hôtels, restaurants, festivals, fêtes locales, etc.), que la vente directe est compliquée et que seule fonctionne à peu près la grande distribution. Donc beaucoup de brasseries sont à l’arrêt et d’autres s’organisent, quand c’est possible, pour maintenir la production, avec souvent des difficultés d’absentéisme, de logistique et d’approvisionnement.

BA – Dans quel état d’esprit sont les brasseurs face à cette situation sans précédent et qui dure ?

MC –
Les brasseurs sont d’abord inquiets pour leurs salariés dont certains sont ou ont été malades. Ils sont ensuite évidemment très préoccupés par les conséquences de la crise, sa durée possible et les annulations d’événements qui continuent d’être annoncés dans l’attente du déconfinement.

BA – La production est réduite. Certaines brasseries ont dû mettre leurs salariés au chômage partiel. Quels sont les signaux les plus inquiétants ?

MC –
La production est clairement à la baisse. La consommation, elle aussi, s’effondre, contrairement à ce l’on peut lire ici et là, même s’il est encore un peu tôt pour avoir des chiffres consolidés. Sur le chômage partiel, le constat est sans appel : la quasi-totalité des brasseries y ont recours. Les inquiétudes sont de quatre ordres :

– Près de 60% des brasseries ont moins de 3 ans, elles ont peu de trésorerie, ont investi récemment et sont financièrement fragiles, à la sortie de l’hiver, période où la trésorerie est au plus bas dans les brasseries.

– Est-ce que la saison estivale pourra être sauvée ou non ? Le temps du confinement et de déconfinement seront déterminants pour les brasseries.

– Combien de clients des brasseries (cafés, hôtels, restaurants, etc.) vont survivre à cette crise et pourront honorer leurs factures ?

– Allons-nous pouvoir maintenir certains événements et festivals estivaux ? Que vont devenir ceux qui ont dû être annulés ou reportés ?

BA – Y a-t-il malgré tout des signaux rassurants ?

MC –
Les signaux les plus rassurants viennent des annonces gouvernementales. Si elles sont bien appliquées comme annoncées, les aides économiques devraient permettre à énormément de brasseries de résister.

BA – Certaines brasseries sont déjà condamnées ?

MC –
Les entreprises les plus récentes sont les plus exposées, nous redoublons d’efforts pour les accompagner tous les jours avec l’équipe de Brasseurs de France en lien avec nos partenaires des chambres de métiers et d’artisans, la CPME, le MEDEF, la FEEF et l’ANIA. L’enjeu est simple : qu’aucune brasserie ne soit condamnée et que tout le monde passe cette crise.

Nous d’informons et accompagnons toutes les brasseries qui le souhaitent, adhérentes ou non, mais ce n’est pas évident de toucher tout le monde. J’invite d’ailleurs les brasseurs qui lisent cet article et qui auraient des questions sans réponses, ne sauraient pas comment demander une aide, auraient un problème qu’ils n’arrivent pas à régler… à nous contacter. Nous sommes au service de tous.

La brasserie sortira de cette crise uniquement si elle est unie et solidaire. 

Maxime Costilhes

BA – Certaines brasseries font preuve de solidarité et de créativité pour surmonter cette crise. Quel est votre ressenti ?

MC –
Effectivement certaines entreprises dans un élan de solidarité ont commencé à produire du gel hydroalcoolique pour le personnel médical ou les pharmaciens de leur région. D’autres reversent une partie de leurs ventes à des fondations. La solidarité est bien présente. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise pour ceux qui ont qui connaissent notre secteur.  L’imagination ne manque pas non plus avec des « drives » et des tournées organisées en se mettant à plusieurs pour livrer des clients.

BA – Comment Brasseurs de France accompagne-t-il ses adhérents ?

MC –
L’équipe de Brasseurs de France est sur le pont depuis le début de la crise. Nous sommes en lien quotidiennement avec l’administration, les cabinets ministériels et nos partenaires de la CPME, des chambre de métiers et de l’ANIA (Matthias Fekl, notre président, est membre des conseils d’administration de l’ANIA et de la CPME où il porte la voix de la brasserie).

Nous avons mis en place un point quotidien d’information pour nos adhérents. Nous leur transmettons, après vérification et un tri important, les informations indispensables pour leur faciliter l’accès et la compréhension aux mesures annoncées par le gouvernement.

Nous répondons également à toutes leurs questions individuelles et nous remontons leurs points spécifiques lors de nos échanges réguliers avec le gouvernement et nos partenaires institutionnels (BPI, Banque de France, etc.). Enfin, nous avons mis en place avec cette crise des Webinars (atelier en ligne) avec un expert-comptable et une avocate en droit social afin de les accompagner au mieux sur la gestion de leur trésorerie et les dispositifs auxquels ils ont droit

BA – Sans catastrophisme, quelle est la suite crédible du scénario ?

MC –
On est dans un scénario complètement inédit, donc il est difficile d’imaginer l’issue de cette crise. Les dates de la fin du confinement et la réouverture du CHR seront une étape décisive de la reprise de l’activité.

Nous travaillons sur tous les scénarios, les pires comme les meilleurs. Nous espérons toutefois que la sortie du confinement correspondra à la période estivale, une période de forte demande, afin de favoriser la reprise de l’activité.

Nous travaillons dans tous les cas d’ores et déjà avec les syndicats de cafetiers, les grossistes et le gouvernement afin d’établir un plan de relance de l’activité et de permettre à tous de surmonter cette crise.


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