Comme chaque année depuis 2014, le biérologue Emmanuel Gillard publie son panorama de la filière brassicole française. L’édition 2021, qui compte plus de 8 000 pages, référence 2 406 brasseries du XXIe siècle, compile près de 6 000 fiches de dégustation et offre au lecteur son lot de nouveautés.
C’est un peu comme le dictionnaire qui s’enrichit chaque année de nouvelles entrées. Dans l’édition 2021 apparaissent cinq nouveaux chapitres : Tourisme brassicole ; La filière d’orge brassicole en France ; La filière malt en France ; Associations et brasseries associatives ; et bien entendu, la Covid-19 et l’impact des confinements sur la filière : un événement historique, qui n’est pas terminé et dont les conséquences profondes sont encore difficilement mesurables.
Dans la nouvelle édition de La bière en France, Emmanuel Gillard actualise les données et statistiques acquises depuis huit ans. Ainsi, toutes les données économiques du secteur brassicole français sont mises à jour. Plusieurs chapitres ont également été réécrits, comme ceux sur les circuits de distribution, les malteries régionales, les concours ou le segment en plein essor des bières sans alcool.
Le chapitre sur les styles qui ont le vent en poupe a également été revu. « Il y a quelques années, on attendait beaucoup des bières de fermentation basse pour que les petits brasseurs se les approprient, comme les pilsner, par exemple, mais la mode est retombée, constate Emmanuel Gillard. Par contre, les IPA sont toujours très en vogue. Un peu trop parfois, avec des bières très fruitées par un houblonnage qui peut paraître excessif, au détriment de l’équilibre de la bière. En revanche, le style Brut IPA est en train de disparaître et le BJCP a annoncé qu’il renonçait au style dans les concours. On constate aussi un retour vers l’amertume, que s’approprié de plus en plus le grand public. On assiste aussi à une montée en charge des bières acides, qu’elles soient obtenues par fermentation lactique ou spontanée. Enfin, le barriquage, que ce soir avec des barriques neuves pour aller chercher les tanins et essences du bois, avec des barriques qui ont déjà servi pour le vin, par exemple, et dans lesquelles le brasseur ira chercher la part des anges, ou avec des barriques épuisées, qui contiennent des bactéries qui serviront à la fermentation. »
Mais la nouvelle édition de La bière en France c’est aussi un état des lieux actualisé de la brasserie française, dont les chiffres sont toujours plus vertigineux. D’abord, les ouvertures (448) et fermetures (103), signes que, malgré la pandémie, la filière reste en bonne santé. L’apparition de 9 nouveaux brasseurs nomades. Puis l’actualisation des données déjà répertoriées. L’édition 2021 a nécessité quelques 2 700 modifications d’informations sur les brasseries existantes : changements de noms (13), déménagements (129) et autres modifications (coordonnées, changements de statuts ou d’associés, fusions, acquisitions, volumes de production, etc.).
Enfin, La bière en France s’enrichit de 468 nouvelles fiches de dégustation (analyse organoleptique, données techniques et historiques, statistiques détaillées), ce qui en fait très précisément 5 978 référencées dans l’ouvrage.
Comme chaque année, le livre est disponible en téléchargement au format PDF sur le site Projet Amertume. Le prix de l’ouvrage est libre et les sommes récoltées seront intégralement reversées aux Restos du Cœur. ■
Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.