Plus que quelques semaines et l’or vert sera à maturité pour être récolté. En Alsace, première région productrice, les professionnels évoquent déjà un bon cru et tablent sur 800 tonnes. Entretien avec Philippe Martin, du Comptoir Agricole.
BA – 2020 est-elle une année propice pour le houblon ?
PM – Pour l’instant, en Alsace, la météo est plutôt propice pour le houblon : il a bien poussé grâce à une alternance de pluie et de soleil. La qualité devrait être au rendez-vous. Pour le moment sur juillet, pas de canicule ce qui est positif par rapport aux dernières récolte. Wait and see pour août…
BA – Comment se présente la récolte 2020 ?
PM – Avec 471 hectares en plantations, nous nous attendons à une récolte de 800 tonnes cette année sur les 13 variétés commercialisées en Alsace. Le vent en poupe, les variétés Aramis, Barbe Rouge, Elixir, Mistral, Strisselspalt et Triskel sont à présent bien contractualisée. La production de houblon issu de l’Agriculture Biologique augmenterait de près d’un tiers grâce à de nouvelles surfaces.
BA – Quel impact le Covid-19 a-t-il eu sur la production de houblon ?
PM – Sur la production, l’impact à été plutôt positif : nous avons un élan de soutien de la part des habitants pour venir travailler dans les fermes. Comme en 1960 ! En effet, chaque année ce sont des travailleurs étrangers qui viennent plusieurs mois faire la saison culturale. Nous espérons que cet élan ne dépérira pas au fil des ans, et que cette culture trouvera des salariés locaux. Malgré une chute des ventes, nous ne diminuons pas les surfaces de houblons, mais souhaitons vivement orienter la production vers nos variétés du plan de recherche et nous développons toujours plus une agriculture avec moins d’intrants.
BA – Sentez-vous une reprise d’activité ?
PM – La reprise d’activité n’est pas palpable. Sur les ventes, nous prenons de plein fouet la baisse de consommation, qui va s’échelonner sur les deux ou trois prochaines récoltes : nous restons dans l’expectative des avancées sanitaires sur le Covid-19. De toute évidence, le marché national reste notre principal soutien durant cette crise.
BA – Quels sont les enjeux pour le Comptoir Agricole ?
PM – Ils sont multiples !
- Pouvoir développer sur la zone de production historiques de nouvelles surfaces de houblon, bio et conventionnelles,
- Continuer à apporter sur le marché des nouvelles variétés répondant aux attentes des brasseurs,
- Soutenir, par le biais de l’AGPH, le développement les productions de houblon sur le marché national,
- Intégrer la nouvelle interprofession, via le collège des négociant,
- Asseoir sa notoriété et celle des houblons français à l’international.
BA – Qu’est-ce qui explique que certains houblons se vendent mal et comment remédier à ce problème ?
PM – Les besoins des brasseurs changent vite, alors qu’une houblonnière est installée pour 20 ans. Qui plus est elle ne produira qu’au bout de deux ans. Certaines variétés ne sont plus autant demandées et se vendent donc mal ! C’est un problème pour le planteur qui doit changer plus rapidement de variétés : on parle de reconversion. Le planteur sait qu’en cas de reconversion, il y aura une année sans rendement. Pour que la reconversion soit rentable et « motivante », il conviendrait d’intégrer dans le prix qui lui est payé, et donc dans le prix de vente au brasseur, cette notion d’année « blanche ». ■
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Journaliste radio depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat est entré dans l’univers de la bière en 2018 lorsqu’il crée Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif, basé sur un concept à trois voix : journalistes, experts et professionnels.