130 professionnels de la bière, du houblon, du tourisme, de la restauration… participaient aujourd’hui au 1er Forum Alsace terre brassicole, au Lycée Agricole d’Obernai, pour développer le tourisme brassicole en Alsace.
Les participants ont assisté ce matin à plusieurs interventions d’experts sur des problématiques diverses, passant en revue les multiples atouts du territoire et les défis à relever. Bernadette Langel, du Comptoir Agricole, a vanté le savoir-faire historique de l’Alsace en termes de houblon, dont les traces de la première présence en Alsace remontent à 1796 et où les houblonniers en ont cultivé jusqu’à 4 600 hectares, en 1905. Depuis les années 2000, l’Alsace développe un programme de recherche variétale qui a permis la création de cinq nouvelles variétés cousines du célèbre houblon Strisselspalt : Aramis, Triskel, Barbe Rouge et Mistral. La cinquième variété, Bouclier, a été abandonnée. Aujourd’hui, Hop France, la marque houblon du Comptoir Agricole, exporte 40 % de sa production à l’international. Dans le prolongement, Alsace Destination Tourisme a dévoilé les résultats d’une étude sur les brassi-touristes en Alsace : hommes et femmes à part égale, majoritairement alsaciens, dont 30 % ont entre 35 et 49 ans, qui aiment découvrir la gastronomie, dont 44 % ont déjà effectué une activité en lien avec la bière, dont 46 % se qualifient d’amateurs de bière et qui souhaitent déguster des bières locales, approfondir leurs connaissances et visiter un site de production.
Parmi les défis que la filière brassicole alsacienne va devoir relever, il y a d’abord un défi d’image. Olivier Faure, co-fondateur de l’Echappée Bière, a présenté le résultat d’un bref sondage réalisé auprès de consommateurs extérieurs à la région Alsace. Il en ressort que l’Alsace est identifiée comme une terre de bière, avec des brasseries historique, une tradition et des produits de qualité. En revanche, l’image que renvoie les bières d’Alsace est plutôt ennuyeuse ou ringarde. Elles manquent de diversité et de créativité. « L’Alsace est connue pour ses Lagers et ses Pils, commente Olivier Faure. Faut-il capitaliser dessus ou s’en détacher ? » Parmi les solutions à creuser : se fédérer pour renvoyer une meilleure image et trouver un dénominateur commun autour du produit. Le second défi est écologique et dans ce domaine, l’Alsace fait figure de modèle sur le sujet de la consigne. Meteor (500 000 HL/an) a toujours consigné et la Brasserie Bendorf (2 500 HL/an) s’est équipé d’une laveuse en 2020. Meteor lave plus de 6 millions de bouteilles Alsace VK grâce à un taux de retour de 97 %. Chez Bendorf, le taux de retour est bien moins élevé mais la brasserie a tout de même réemployé cette année 10 000 bouteilles 33 cl et 8 500 de 75 cl.
Le troisième défi de la révolution brassicole en Alsace est touristique. Brice Duthion, consultant en tourisme, a présenté différents axes de réflexion et de travail, insistant sur la nécessité d’un travail collectif pour créer une vraie identité alsacienne, porteuse de valeurs. « Je suis convaincu que c’est ce qu’il faut pour le tourisme brassicole en Alsace. Il faut une approche porteuse de sens et de valeurs pour les professionnels mais surtout pour les locaux. On peut imaginer une cité de la bière en Alsace, mais seulement après avoir défini sa finalité. »
Voter pour deux projets prioritaires
Le Forum s’est poursuivi l’après-midi par la présentation de treize projets, certains concernant plutôt la filière, d’autres plutôt le tourisme et d’autres encore la filière et le tourisme. Chaque projet était présenté aux participants répartis en groupes. Chaque groupe devait ensuite voter pour un projet filière et un projet tourisme. Les résultats des votes ont permis de désigner deux projets sur lesquels Brasseurs d’Alsace et Alsace Destination Tourisme travailleront à la mise en œuvre en 2023.
Le projet tourisme est la mise en place d’un événement grand public fédérateur autour de la bière d’Alsace, et le projet filière est la mise en place d’un groupe de travail sur l’image de la bière d’Alsace. A l’issue du dépouillement, les participants ont signé un engagement pour le lancement des deux projets issus du vote.
« Nous avons réussi à réunir tout le monde dans un bel état d’esprit, se réjouit Dominique Baudendistel, président du syndicat Brasseurs d’Alsace. Les projets qui ont été retenus sont top. Nous allons les faire avancer. Logiquement, il va y avoir une suite à ce Forum, il y aura une version 2. » ■
Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.