Le malt français en péril à cause des hausses des prix de l’énergie

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L’explosion des coûts de l’énergie met en très grandes difficultés les malteries françaises. La part de l’énergie dans leurs coûts de production a en effet plus que doublé en un an. 

Les malteurs français sortent de leur réserve habituelle pour alerter sur les conséquences dramatiques de la crise énergétique sur leur profession. Les hausses des coûts de l’énergie porte un coup à la compétitivité française sur le marché international. Rappelons que la France exporte 85 % de sa production annuelle de 1,5 million de tonnes, valorisant par là même occasion l’agriculture française dans le monde entier. Déjà fragilisés par la crise sanitaire en 2020, et la hausse conséquente du prix de l’orge en 2021, les malteurs français redoutent désormais des pertes de marché massives.

En dépit des efforts réalisés depuis plusieurs années pour économiser l’énergie et réduire sa consommation, la malterie française reste très dépendante, du gaz notamment. « En 2022, les prix du gaz ont doublé en Europe. Dans le même temps ils n’ont augmenté que de 30 % en Amérique du Nord. Or la tendance va se poursuivre en 2023 : tous les indicateurs montrent qu’un nouveau doublement en zone euro est à prévoir l’an prochain !« , indique Jean-Philippe Jélu, président de Malteurs de France, syndicat qui fédère les trois acteurs majeurs de la malterie française : Boortmalt-Axéréal, Malteurop-Vivescia et Soufflet In Vivo.

Le secteur alerte les pouvoirs publics et demande que des solutions adaptées soient identifiées rapidement. Le plan d’aide du gouvernement dédié aux énergo-intensifs, n’a pas permis d’aider le secteur en raison de critères d’éligibilité extrêmement contraignants. Et les récentes annonces sur l’électricité ne concernent que les PME, excluant les gros faiseurs. « D’autres pistes sont aujourd’hui évoquées par les pouvoirs publics : caper le prix du gaz, revoir les critères d’aides aux énergo-intensifs, … mais elles tardent à être mise en place » , souligne le syndicat qui rappelle que l’enjeu est évidemment de permettre à la malterie, « fleuron de l’industrie française, de survivre, mais aussi de lui permettre de poursuivre les investissements massifs que suppose la réalisation de sa transition écologique, notamment dans des solutions alternatives de séchage permettant de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. »

« Une solution doit être rapidement trouvée pour nous permettre de sortir de cette situation. Nos concurrents américains ou asiatiques ne supportent pas la même flambée des coûts énergétiques que les européens. Avec le prix du transport maritime en baisse et un taux de change euro/dollar qui ne nous est plus favorable, nous ne serons très bientôt plus compétitifs sur nos marchés d’export traditionnels d’Asie, Afrique et Amérique Latine, analyse Jean-Philippe Jélu. Les conséquences économiques et sociales seraient dramatiques pour nos entreprises… et notre agriculture qui perdrait un débouché important. La filière orge – malt – bière française déploient depuis 40 ans des efforts importants qui lui ont permis de se hisser à la place de leader mondial. Elle est aujourd’hui reconnue pour son exemplarité à bien des égards (qualité des orges, consommations d’eau, …). Ne laissons pas cette crise énergétique abattre une filière d’excellence au profit de productions qui ne s’imposent pas les mêmes contraintes de fabrication ! »