Dès le début du confinement, les consommateurs ont boudé le rayon alcool des magasin. A l’inverse des autres rayons, le recul des ventes est même deux fois supérieur à sa tendance annuelle, selon l’organisme de mesures et d’analyses Nilsen. Seuls le vin et la bière tirent leur épingle du jeu.
D’ordinaire, Saint-Patrick oblige, le mois de mars est un gros mois pour la bière et les whiskys irlandais. Mars 2020 ne déroge pas à la règle et reste un gros mois pour ces alcools-là. « Nous raisonnons d’un point de vue évolutif par rapport à ce qu’il s’est passé l’année précédente » commente Nicolas Léger, directeur analytique chez Nielsen France.
Sur la première semaine d’avril, l’étude « Nielsen ScanTrack, Total Alcools » révèle une reprise de la vente d’alcools, suite à un gros recul juste après le début du confinement. « Nous nous attendions à une petite reprise, donc elle a eu lieu sur la première semaine d’avril, par contre sur la deuxième, ça replonge une nouvelle fois » ajoute Nicolas Léger.
Cette reprise de courte durée s’explique probablement par un effet de rupture de stock, que le consommateur a dû renflouer. « Avant le confinement, les gens ont fait des achats « stockants » et les ventes d’alcool ont grimpé de façon significative. Mais elles chutent complètement dès le début du confinement. On est face à une situation exceptionnelle qui fait un peu penser à des ponts de mai ou à un mois d’août où l’on a un peu plus le temps, on ressort le barbecue… » Et qui dit « barbecue »… Deux catégories d’alcool sortent du lot : la bière et les cubis de rosé.
La craft freinée par l’approvisionnement
« Il y a eu une tendance à boire un peu plus les deux premières semaines, parce qu’on est chez soi, l’effet vacances… De là à faire perdurer ce mode de consommation pendant deux mois voire plus, je ne pense pas,poursuit Nicolas Léger. Le rosé va bien : après le début du confinement il était à +3%. Cela montre bien qu’il y a une consommation estivale qui se profile« .
Nielsen constate une bonne croissance de la bière par rapport à l’alcool. En revanche, les taux de croissance des fûts sont bien supérieurs à la moyenne de la bière. « Typiquement, les packs de Heineken ou Desperados, ça va très bien. Mais les fûts, ça va encore mieux. Il y a une situation un peu exceptionnelle sur les fûts« .
« Tout ce qui est bière craft, qui depuis 4, 5 ans a le vent en poupe et affiche des taux de croissance très forts, à plus de 20%, depuis plusieurs années, poursuit Nicolas Léger. Ça va toujours bien pour les bières craft mais c’est beaucoup moins dynamique que le marché« .
Dans les conditions actuelles, toutes les forces de vente des fabricants n’ont plus forcément accès à tous les magasins. L’offre des brasseries artisanales est moins présente en rayon et le consommateur se réfugie chez les industriels, qui résistent mieux. ■
Journaliste radio depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat est entré dans l’univers de la bière en 2018 lorsqu’il crée Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif, basé sur un concept à trois voix : journalistes, experts et professionnels.