Les difficultés de la filière pèsent aussi sur l’événementiel : les deux salons Planète Bière et BRADIS cohabiteront à l’Espace Champerret début avril.
Pour la 10e édition de Planète Bière, l’organisateur, Amuse-Bouche, aurait rêvé mieux. Mais les difficultés que traversent les brasseries depuis 4 ans ont aussi des répercussions sur l’événementiel. La situation est tendue aussi pour BRADIS, Brasser Distiller Solution, salon professionnel également porté par Amuse-Bouche, dont la 3e édition devait se tenir en février pour finalement être reportée. Initialement prévu au Centquatre (Paris 19e), Planète Bière est rapatrié à l’Espace Champerret (6 rue Jean Oestreicher, Paris 17e), pour proposer deux journées grand public pour Planète Bière (6 et 7 avril). La journée du lundi 8 avril, dédiée aux professionnels (brasseurs, cafetiers, restaurateurs, distributeurs…), permettra aux visiteurs de rencontrer les exposants de Planète Bière et, dans le même temps, d’arpenter les allées de BRADIS.
Planète Bière, nouvelle formule
La grande nouveauté de cette 10e édition de Planète Bière, c’est le grand marché de la bière qui permettra aux visiteurs de déguster et d’acheter de la bière à emporter. Ainsi, les brasseries pourront générer du chiffre d’affaires. « Nous lançons le marché de la bière, en partenariat avec le SNBi, pour répondre à une problématique de modèle économique des brasseries artisanales qui n’avaient pas forcément les moyens d’exposer, explique Franck Poncelet, co-gérant d’Amuse-Bouche. Nous avons souvent entendu : « Planète Bière c’est cher ! » C’est vrai qu’il n’est pas donné à toutes les brasseries de payer 4 ou 5 000 € pour deux ou trois jours de salon. Mais la journée pro permet de nouer des contacts : qu’est-ce que ça coûterait aux brasseries d’aller nouer 40 contacts sur le terrain, dans toute la France ? Nous avons voulu faire ce salon à Paris avec l’ambition de Wine Paris ou de Whisky Live, en proposant une offre qui permette à la catégorie bière de bénéficier de l’image d’un lieu et d’exposer de manière plus qualitative, en se détachant des images des fêtes de la bière. Mais à Paris, les loyers sont astronomiques ! » Amuse-Bouche propose cette année une offre plus accessible en termes de budget, avec moins de service (espace, mobilier, signalétique…) mais avec la possibilité de vendre à emporter. De plus, Planète Bière ouvrira deux journées au grand public (samedi 6 et dimanche 7 avril), au lieu d’une les autres années, afin de donner aux exposants toutes les chances de vendre. « C’est un salon de dégustation. Les visiteurs pourront déguster en petites quantités avant d’acheter. Comme sur les salons des Vignerons indépendants, où les gens viennent pour acheter. »
« Ca c’est le projet, poursuit Franck Poncelet. La réalité c’est que nous sommes sur 4 années mouvementées pour la catégorie bière, que les brasseries se font rattraper par les réalités économiques et que le marché se tend. Les brasseries ont demandé nos dossiers exposants. Ensuite : plus de son, plus d’image ! Les brasseries en difficultés ne viennent pas. » Une quinzaine d’exposants (brasseries et cidreries) sont annoncés. Ils étaient encore 40 l’an dernier. Certaines brasseries de taille moyenne, habituées de Planète Bière, ne seront pas là cette année. « Aujourd’hui, pourquoi les gens ne viennent pas à Paris ? Parce qu’ils considèrent que le marché parisien est impénétrable et que les grossistes ne jouent pas le jeu !, affirme Franck Poncelet. Mais Planète Bière est un salon d’image et la catégorie bière doit créer de la valeur sur son produit. Comme chez les vignerons, il faut l’entrée de gamme, le cœur de gamme et le haut de gamme. »
La journée pro couplée avec BRADIS
Lundi 8 avril, la journée réservée aux professionnels veut permettre aux exposants de nouer des liens avec les acheteurs. Le salon Planète Bière se tiendra sur le même plateau que BRADIS, « ce qui permet une attractivité supplémentaire sur la journée. » C’est la 3e édition du salon Brasser Distriller Solution où plus de 25 exposants présenteront du matériel, des matières premières, des solutions… à destination des brasseries et distilleries. « C’est un salon qui répond à une demande des fournisseurs d’être en contact avec les brasseries à Paris. L’aspect distillation est une offre nouvelle à Paris, qui reste central et facile d’accès. Là aussi nous accueillons un peu moins d’exposants que l’an dernier, mais il y a une offre concurrente ailleurs, comme le Salon du Brasseur à Nancy ou Vinitech à Bordeaux. » L’an dernier, BRADIS avait attiré 300 visiteurs.
A quinze jours de l’événement, les organisateurs sont confiants : la deuxième journée grand public de Planète Bière, le grand marché de la bière et le couplage de la journée pro de Planète Bière avec BRADIS pourraient encore changer la donne. ■
Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.