Grâce au financement participatif, Tri Martolod aura bien son extension !

© Tri Martolod

Après avoir collecté plus de 60 000 €, la Brasserie coopérative de Concarneau va pouvoir construire sa Zone libre : une extension de 150 m², attenante à la brasserie, polyvalent et culturel. La campagne de financement participatif est prolongée. Entretien avec Mikael Le Breton, gérant de Tri Martolod.

BA – Tri Martolod est installée à Concarneau depuis 12 ans. Il était temps de s’agrandir ?
MLB –
Nous avions déjà un local bar et magasin dans lequel nous faisons déjà régulièrement des concerts. Mais à chaque événement, il faut tout déménager pour transformer l’espace et pouvoir accueillir du public : il faut jongler. La Zone libre sera une salle polyvalente, adaptée à l’accueil d’événements.

75 % de notre production est conditionnée en fûts :
75 % de notre activité a disparu.

Mikael Le Breton

BA – Pourquoi le financement participatif ?
MLB –
En début d’année, nous n’avions pas forcément imaginé faire appel au financement participatif, puis la crise sanitaire nous est tombée dessus. 75 % de notre production est conditionnée en fûts : 75 % de notre activité a disparu. Nous avions enclenché tout un tas de projets comme le passage en Bio pour accompagner le projet de La Malterie de Bretagne, à Scaër (29). Nous avons toujours été dans une démarche de circuit court et nos bières sont distribuées à 99 % en Bretagne, par nos propres moyens, de manière indépendante, etc. Pendant le confinement, nous nous sommes dit que nous avions beaucoup d’incertitudes sur notre activité et que le meilleur des circuits c’est le plus court possible. L’Etat nous proposait un prêt garanti par les banques. Je préfère un prêt garanti par le peuple ! Si on vend la bière sur place, la marge est plus importante qu’en passant par des revendeurs. En contrepartie de leur participation, les gens obtiennent une carte avec un certain montant, à consommer sur le lieu de production. Cela nous permet aussi de créer un vrai nouveau lieu culturel à Concarneau : un lieu d’exposition, de concerts, avec une scène fixe, sans avoir à monter, démonter.

BA – Quels sont vos objectifs ?
MLB –
Nous avons évalué les coûts avec un architecte pour déterminer un budget. Puisqu’il s’agit d’accueillir des concerts, il fallait un traitement acoustique du toit. Mais il faut aussi un espace polyvalent et convertible pour pouvoir l’adapter aux différents types d’événements. Le projet a été chiffré à 175 000 €. Nous avons mis l’objectif du financement participatif à 250 000 € car il ne faut pas oublier les 40 000 € de TVA et 6 % pour la plateforme Kengo. Il nous restera donc 180 000 € pour réaliser le projet. Nous avions défini plusieurs objectifs : à 75 000 €, on améliore l’existant. A 50 % (125 000 €) nous faisions des améliorations et un projet plus modeste. Au-delà, on se rapprochera le plus possible du projet initial.

La bière à 1 €

BA – Quelles sont les contreparties ?
MLB –
Nous offrons des cartes prépayées de différentes valeurs proportionnelles au montant investi. Quelqu’un qui donne 15 € recevra une carte de 20 € de bières à consommer au bar. Pour 30 €, on lui en donne 50, et pour 75 € on multiplie par deux : 150 €. Ça fait la bière à 1 € ! L’idée était de fédérer tous les gens qui gravitent autour de Tri Martolod, qui ont eu l’occasion de venir aux concerts et festivals qu’on a organisé avec des bouts de ficelle, en leur disant que s’ils passent des bons moments, que la programmation est sympa, que l’équipe est sympa et que la bière est bonne : en mettant des euros aujourd’hui, ils seront récompensés demain.

BA – Tri Martolod est une brasserie coopérative. Quel est le concept ?
MLB –
C’est une société coopérative et participative (SCOP), donc une société de travailleurs qui sont tous associés et qui, à un moment, vont transmettre cette société à d’autres travailleurs. Aujourd’hui, nous sommes 13 associés-salariés. Demain, certains partiront et transmettront le flambeau à d’autres. Aujourd’hui, sur les deux sites de Tri Martolod et An Alarc’h, nous avons produit 4 800 hl en 2019. Cette année, nous aurions dû faire 5 000 hl, mais ce sera difficile en raison de la crise.