Fermeture des bars et restaurants, report de la saison touristique, annulations en cascade des festivals… Rien ne va plus pour la bière en fûts. Du 24 au 30 avril, le syndicat Brasseurs de France a interrogé ses 300 adhérents (98% du marché français) sur les impacts de la crise liée au Covid-19.
La crise sanitaire et les mesures de confinement qui l’accompagnent sont lourdes de conséquences pour les brasseries françaises. L’étude de Brasseurs de France révèle 4 enseignements majeurs :
1. Production
- 25% des brasseries sont à l’arrêt total et moins de 10% envisagent de relancer leur production en mai.
- 40% des entreprises accusent une baisse d’au moins 60% de leur production.
- 68% des entreprises ont bénéficié du dispositif de chômage partiel.
2. Trésorerie
- Toutes les entreprises sont fragilisées. A la fin de l’hiver, les brasseurs ont constitué des stocks pour la saison à venir qu’ils n’ont pu écouler faute de débouchés.
- Près de 75% des brasseries déclarent être très préoccupées par leur niveau de trésorerie.
- Près de 50% des entreprises ont bénéficié d’un Prêt Garanti par l’État (PGE) et 25% du fonds de solidarité.
- 60% des brasseries françaises ont moins de trois ans et ont dû investir lourdement dans du matériel de brassage et d’embouteillage pour lancer leur activité (241 M€ investis en 2019 pour un chiffre d’affaire de 4.1 milliards). Elles avaient donc un fort endettement avant la crise.
Brasseurs de France au travail pour sauver la brasserie française
3. Stocks
La fermeture brutale des cafés, restaurants, l’arrêt des activités touristiques et l’annulation de tous les festivals et salons a laissé plus de 10 millions de litres de bières, majoritairement en fûts, en souffrance. La destruction de cette bière aura aussi un coût non négligeable pour les entreprises.
4. Chiffre d’affaire
- 70% des brasseries déclarent 50% ou plus de pertes de chiffre d’affaires depuis le 15 mars.
- 30% des brasseurs déclarent avoir 25% d’impayés et 10% des brasseries plus de 50% d’impayés auprès de leurs clients.
Si le président de Brasseurs de France, Mathias Fekl « salue les mesures d’urgence mises en œuvre jusqu’à présent par le gouvernement » , il estime aussi que « les conditions de la reprise seront déterminantes pour redresser durablement le secteur et ceux qui en dépendent« . Aussi, le syndicat demande au gouvernement la mise en œuvre d’un plan de relance fort, spécifique à la brasserie française, pour accompagner la reprise.
Ce plan doit notamment permettre de :
- Exonérer des charges patronales et de production pour 2020 (CFE, CVAE, etc.),
- Prolonger les aides et le chômage partiel au-delà de la fin du confinement. Les entreprises doivent pouvoir reprendre leur activité et de les rembourser.
- Adapter le taux de TVA pour le CHR en le portant à 5,5 % de manière temporaire sur l’ensemble des produits alimentaires.
- Aider à la destruction des stocks de bière.
- Redéployer un dispositif spécifique d’amortissement existant dans la loi Macron de 2015.
- Prendre en charge par les assurances une partie des pertes d’exploitation.
« Sans ce soutien indispensable, des centaines de brasseries risquent de disparaître, entraînant avec elles des milliers d’emplois, directs et indirects, et mettant en péril la richesse qui caractérise aujourd’hui la brasserie française sur l’ensemble du territoire » prévient Brasseurs de France. ■
Journaliste radio depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat est entré dans l’univers de la bière en 2018 lorsqu’il crée Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif, basé sur un concept à trois voix : journalistes, experts et professionnels.