Cubis et fûts : des contenants de confinement

Evolution des ventes du 16 au 29 mars 2020 vs. même période 2019 © The Nielsen Company

Dès le début du confinement, les consommateurs ont boudé le rayon alcool des magasin. A l’inverse des autres rayons, le recul des ventes est même deux fois supérieur à sa tendance annuelle, selon l’organisme de mesures et d’analyses Nilsen. Seuls le vin et la bière tirent leur épingle du jeu.

D’ordinaire, Saint-Patrick oblige, le mois de mars est un gros mois pour la bière et les whiskys irlandais. Mars 2020 ne déroge pas à la règle et reste un gros mois pour ces alcools-là. « Nous raisonnons d’un point de vue évolutif par rapport à ce qu’il s’est passé l’année précédente » commente Nicolas Léger, directeur analytique chez Nielsen France.

Sur la première semaine d’avril, l’étude « Nielsen ScanTrack, Total Alcools » révèle une reprise de la vente d’alcools, suite à un gros recul juste après le début du confinement. « Nous nous attendions à une petite reprise, donc elle a eu lieu sur la première semaine d’avril, par contre sur la deuxième, ça replonge une nouvelle fois » ajoute Nicolas Léger.

Cette reprise de courte durée s’explique probablement par un effet de rupture de stock, que le consommateur a dû renflouer. « Avant le confinement, les gens ont fait des achats « stockants » et les ventes d’alcool ont grimpé de façon significative. Mais elles chutent complètement dès le début du confinement. On est face à une situation exceptionnelle qui fait un peu penser à des ponts de mai ou à un mois d’août où l’on a un peu plus le temps, on ressort le barbecue… » Et qui dit « barbecue »… Deux catégories d’alcool sortent du lot : la bière et les cubis de rosé.

La craft freinée par l’approvisionnement

« Il y a eu une tendance à boire un peu plus les deux premières semaines, parce qu’on est chez soi, l’effet vacances… De là à faire perdurer ce mode de consommation pendant deux mois voire plus, je ne pense pas,poursuit Nicolas Léger. Le rosé va bien : après le début du confinement il était à +3%. Cela montre bien qu’il y a une consommation estivale qui se profile« .

Nielsen constate une bonne croissance de la bière par rapport à l’alcool. En revanche, les taux de croissance des fûts sont bien supérieurs à la moyenne de la bière. « Typiquement, les packs de Heineken ou Desperados, ça va très bien. Mais les fûts, ça va encore mieux. Il y a une situation un peu exceptionnelle sur les fûts« .

« Tout ce qui est bière craft, qui depuis 4, 5 ans a le vent en poupe et affiche des taux de croissance très forts, à plus de 20%, depuis plusieurs années, poursuit Nicolas Léger. Ça va toujours bien pour les bières craft mais c’est beaucoup moins dynamique que le marché« .

Dans les conditions actuelles, toutes les forces de vente des fabricants n’ont plus forcément accès à tous les magasins. L’offre des brasseries artisanales est moins présente en rayon et le consommateur se réfugie chez les industriels, qui résistent mieux.