Dans un message diffusé sur LinkedIn hier, le co-fondateur et CEO de BrewDog, James Watt, annonce passer la main tout en conservant un siège au conseil d’administration et ses actions dans l’entreprise.
Dix-sept ans après avoir créé la brasserie BrewDog avec Martin Dickie, en 2007 à Fraserburgh (GB), James Watt prend de la distance. Dans un message publié hier sur LinkedIn, le patron du géant écossais de la bière annonce quitter ses fonctions. Son remplacement était en réflexion depuis un an : James Arrow, recruté en septembre dernier comme directeur opérationnel, devient CEO de BrewDog, entouré d’une équipe de direction renforcée. Il était auparavant directeur général de Boots Opticians et a aussi travaillé dix ans à différents postes de direction chez Dixons Carphone. James Watt conserve tout de même ses parts dans BrewDog PLC, continuera de siéger au conseil d’administration et occupera le poste nouvellement créé de « capitaine et co-fondateur » , restant conseiller stratégique de BrewDog.
« Depuis que je suis à la tête de BrewDog, il y a eu des hauts et des bas, des réussites folles et des défis incroyablement difficiles à relever, commente James Watt. Lorsque je repense à ces 17 dernières années, mon sentiment dominant est celui de la gratitude. La gratitude d’avoir pu construire la première marque de bière artisanale au monde, en partant de zéro. Je suis reconnaissant d’avoir pu travailler avec des personnes aussi extraordinaires dans notre entreprise et notre fantastique communauté. Je suis éternellement reconnaissant pour toutes les bières produites et toutes les folles aventures que nous avons vécues en équipe. Je suis également reconnaissant pour les moments difficiles, pour les enseignements qu’ils ont permis de tirer, pour la détermination qu’ils ont insufflée et pour la perspective qu’ils ont offerte. »
BrewDog et son fondateur ont fait l’objet, ces dernières années, de graves accusations. En juin 2021, le groupe Punks With Purpose, composé de plus de 300 anciens employés de BrewDog, publiait une lettre ouverte dénonçant des faits de harcèlement moral et sexuel, des campagnes marketing mensongères et des fraudes sur des transports de marchandises à destination des Etats-Unis. Quelques jours plus tard, BrewDog présentait des excuses puis, en janvier 2022, la chaîne BBC One Scotland diffusait un documentaire intitulé « La vérité sur BrewDog » , qui sera visionné plusieurs centaines de milliers de fois sur Internet. Les accusations portées contre James Watt sont un boulet à la patte pour BrewDog, dont il préparait l’introduction en bourse (IPO) depuis plus de trois ans. « L’entreprise a jusqu’au mois d’août 2024 pour trouver de nouveaux financements afin de soutenir sa cotation » , affirme le courtier WH SelfInvest. Sur la base de son évaluation la plus récente, Brewdog pourrait être valorisée à environ 2 Mds $ (1,85 Md €). Celle qui est devenue la plus grande brasserie artisanale indépendante de Grande-Bretagne s’est lancée grâce à un financement participatif qui a permis de lever 7,5 M £ (8,7 M €) auprès de quelque 220 000 investisseurs. En 2023, l’entreprise emploie 2 500 personnes et réalise un CA de 320 M £ (372 M €).
« James Watt, aux côtés de Martin Dickie, a créé cette grande entreprise à partir d’un garage à Fraserburgh, rappelle dans un communiqué le président de BrewDog, Allan Leighton. Peu de gens ont accompli cela. Après des débuts très humbles, sous sa direction BrewDog est devenu le premier brasseur artisanal du monde, employant 2 530 personnes, possédant 4 brasseries et plus de 120 bars. Je suis particulièrement heureux qu’il continue à offrir sa perspicacité, son génie créatif et son énergie au conseil d’administration. » ■
Journaliste radio depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat est entré dans l’univers de la bière en 2018 lorsqu’il crée Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif, basé sur un concept à trois voix : journalistes, experts et professionnels.
