Piloté par le Comité R&D de la filière brassicole, DOMINO est sur les rails depuis plus de six ans avec le projet PROSIT. Objectif : décarboner la production d’orge tout en garantissant sa qualité.
Face aux enjeux de décarbonation et aux nouvelles attentes en matière de réduction des intrants, dans un contexte où les exigences environnementales et économiques se renforcent et s’opposent parfois, la filière orge-malt-bière est mobilisée pour réduire son empreinte carbone liée à la production d’orge de brasserie. Initié avant 2018 par le projet PROSIT (Proteins of Interest), le projet DOMINO (Décarbonation et management de la fertilisation azotée des orges brassicoles) se concentre sur l’optimisation de la fertilisation azotée afin de répondre aux attentes en matière de durabilité. L’objectif est de parvenir à diminuer les apports d’azote tout en garantissant une qualité suffisante du grain pour la transformation brassicole.
Aujourd’hui, 70 % de l’empreinte carbone de la production d’orge de brasserie est liée à la fertilisation azotée. Réduire cet impact suppose d’adopter de nouvelles pratiques culturales et de repenser la gestion des apports. En parallèle, la teneur en protéines de l’orge, élément clé pour la bonne fermentation de la bière, la production d’arômes et la bonne tenue de la mousse lors du service, doit être maintenue à un niveau optimal : trop faible, elle compromet la fermentation ; trop élevée, elle rend le maltage plus compliqué et elle risque de créer du trouble à la bière.
DOMINO, qui vise à concilier performance agronomique, impact environnemental réduit et préservation de la qualité brassicole des orges, s’articule autour de plusieurs axes de recherche, incluant des essais de coculture et d’intégration d’autres espèces après récolte pour améliorer la fixation d’azote dans le sol, ainsi qu’une façon innovante de piloter les apports (limités) d’azote. Le pois apparaît comme un bon candidat pour la coculture, les protéagineux ayant pour caractéristique de fixer l’azote dans le sol, dont l’orge a justement besoin pour sa croissance. L’enjeu est de trouver un équilibre entre réduction des intrants et maintien du rendement et de la teneur en protéines de l’orge. Des essais sont menés sur différentes variétés d’orge afin de mesurer leur réponse à une fertilisation réduite. La première phase du projet (PROSIT, financée par le FSOV), vise à identifier les protéines en lien avec la qualité brassicole et les variétés les plus adaptées à conserver la bonne composition protéique en carence d’azote.
Labellisé par le Comité Recherche et Développement de la filière brassicole, le projet est soutenu par des financements européens et de la Région Grand Est à hauteur de 1 M €*. Il est porté, pour le compte de la filière, par IFBM et ses partenaires : INRAE, VIVESCIA, SOUFFLET Agriculture, EMC2 et Alliance BFC, avec le support de Malteurs, Brasseurs de France et d’Intercéréales. Grâce à ce travail collaboratif, la filière espère atteindre un objectif ambitieux d’ici 2030 : réduire de 30 % l’impact de la fertilisation azotée sur la culture de l’orge brassicole, sans compromettre la qualité du produit final et en préservant le revenu agricole.
Adopté en commission plénière de la Région Grand Est le 24 janvier dernier, le projet DOMINO débutera par des essais en micro-parcelles, mais l’expérimentation sera suivie d’une validation en parcelles ‘agriculteurs’ afin d’aller jusqu’à des essais à l’échelle ‘pilote’. Les premiers résultats en micro-malteries sont attendus à l’automne 2026. A horizon 2028, les résultats permettront d’affiner les recommandations techniques et de proposer des itinéraires culturaux optimisés pour les agriculteurs de la région Grand Est.
Avec DOMINO, la filière brassicole française se positionne comme pionnière dans la transition agroécologique, affirmant ainsi son engagement en faveur d’une production plus durable et responsable. ■
* Le projet DOMINO est cofinancé par le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) à hauteur de 720 K€ et la Région Grand Est, première région brassicole de France où sont cultivées 60 % des orges brassicoles de l’hexagone et où sont brassés 60 % des volumes, à hauteur de 280 K€. ■

Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.