Le brasseur néerlandais anticipe une baisse « modeste » des volumes de bière pour l’année en cours, pénalisé par le recul de la demande en Europe et en Amérique.
Le deuxième brasseur mondial Heineken traverse une période difficile. Au troisième trimestre 2025, les volumes de bière ont chuté de – 4,3 %, portant la baisse à – 2,3 % sur les neuf premiers mois de l’année. Le chiffre d’affaires net ajusté a reculé de – 0,3 % à 7,3 Md €, une performance qui dépasse néanmoins légèrement les attentes des analystes qui tablaient sur une baisse de – 0,8 %.
Les principaux marchés du groupe sont particulièrement touchés. En Europe, les ventes ont chuté de – 4,7 % au troisième trimestre, atteignant 21 millions de hL. Sur le continent américain, la situation est encore plus préoccupante avec un recul de – 7,4 % des volumes, à 20,5 millions de hL. Cette baisse s’explique par un affaiblissement généralisé de la demande et par des tensions avec les distributeurs sur les prix, qui ont entraîné une perte d’espace en rayon dans certains supermarchés.
Dolf van den Brink, PDG de Heineken, reconnaît que l’entreprise souffre de la « volatilité macroéconomique » actuelle, qui s’est accentuée durant le trimestre. « Cela a créé un environnement difficile, qui s’est traduit par des performances variables » , explique-t-il, ajoutant qu’il s’attend « à ce que la confiance des consommateurs et la demande se rétablissent dès que les conditions se normaliseront. »
Des poches de résistance géographiques
Face à ces difficultés, le groupe s’appuie sur son empreinte géographique diversifiée. L’Afrique australe affiche une croissance solide des volumes de bière, tandis que le Vietnam enregistre des gains sur l’ensemble du portefeuille. En Chine, les marques Heineken et Amstel continuent d’afficher une croissance forte, compensant partiellement les faiblesses des marchés occidentaux. Au niveau mondial, la marque phare Heineken limite la casse avec un recul de seulement – 0,6 % au troisième trimestre, et affiche même une progression de + 2,7 % sur les neuf premiers mois de l’année. Cette résilience souligne la force de la marque premium du groupe.
Révision des prévisions annuelles
Compte tenu de ce trimestre décevant, Heineken revoit ses perspectives pour l’ensemble de l’année. Le groupe anticipe désormais une baisse « modeste » des volumes de bière en 2025, après avoir prévu des volumes stables en juillet dernier, ce qui avant déjà entraîné une chute de plus de – 8 % de l’action. Le brasseur prévoit également que son bénéfice d’exploitation organique annuel se situera vers l’extrémité basse de sa fourchette de croissance de + 4 % à + 8 %. Cette prudence reflète la surveillance accrue des investisseurs sur les volumes réels de bière vendus, alors que l’ensemble de l’industrie brassicole fait face à une croissance atone depuis plusieurs années.
Malgré ces ajustements, le groupe maintient son objectif de réaliser 500 M € d’économies brutes pour 2025 et poursuit sa stratégie EverGreen, avec des gains de parts de marché dans la majorité de ses marchés. L’acquisition annoncée de FIFCO en Amérique centrale devrait également renforcer son empreinte géographique dans cette région stratégique. ■

Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.