90 ans de la canette : histoire, succès et défis

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De son invention en 1930 en Allemagne à son essor sur le marché français, en passant par son lancement aux Etats-Unis en 1935, la canette s’est imposée au fil du temps comme un emballage boisson incontournable.

C’est en janvier 1935, au sortir de la prohibition (1920-1933) que la première canette à tête plate est lancée sur le marché américain par l’American Can Company. L’innovation développée quelques années plus tôt en Allemagne où elle avait une tête conique, se compose alors de trois parties : un fond, un corps et un couvercle plat, permettant l’empilement. La Gottfried Krueger Brewing Company lance sa Krueger’s Finest Beer et sa Krueger’s Cream Ale conditionnées en boites en fer blanc. Gottfried Krueger avait testé le nouveau contant auprès de 2 000 consommateurs en novembre 1933, en distribuant une bière au taux d’alcool 3,2 %, taux d’alcool légalisé quelques mois plus tôt. Le pannel de consommateurs est conquis et le conditionnement de bière en canette va rapidement se démocratiser. En juin 1935, la Pabst Brewing Company devient la deuxième brasserie américaine à se tourner vers canette. Puis le nouveau contenant séduit le marché international, tant les grandes marques que les producteurs indépendants, révolutionnant la consommation de boissons. Ce succès de la canette s’explique par ses nombreux atouts : ultra légère, incassable, créative, et surtout entièrement recyclable… depuis 1958. En 1975, elle devient même mono-déchet : la capsule reste attachée à la boîte après ouverture.

Le succès de la canette en France

En 1954, les premières canettes sont remplies en France. L’adoption du format s’accélère à partir des années 1960, portée par l’essor des boissons gazeuses et des bières industrielles. Mais c’est au cours des trois dernières décennies que la canette connaît un véritable boom : de 17 canettes consommées par habitant en 1994, les Français en boivent aujourd’hui près de 70 par an, soit un total de 4,7 milliards d’unités en 2024, dont 80 % sont fabriquées dans l’Hexagone. Longtemps éclipsée par le verre ou le plastique, la canette s’impose aujourd’hui comme le seul emballage boisson en croissance sur le marché français. Toutes boissons confondues, la canette progresse de + 3,4 % en magasin en 2024, tandis que le marché global recule de – 2,4 %. Elle grimpe ainsi à la deuxième place des emballages les plus achetés, devant le verre, et représente plus d’un quart des boissons vendues en magasin.

Un contenant favorable pour la bière

« Trop longtemps dans l’ombre du verre, les bières en canettes regagnent leur lettre de noblesse depuis 3 ans » , constate La Boîte Boisson, le GIE de la canette en France. Il semblerait en effet que le fameux ‘goût de métal’ que les consommateurs ont longtemps reproché à la bière en canette, commence à disparaître ! A moins que ce ne soit qu’une idée reçue ! En 2024, la canette représente 26,3 % des ventes de bières, soit une progression de + 1,5 point par rapport à 2023 et de + 1,2 point par rapport à 2019. Cette dynamique se traduit par une hausse de + 4,2 % des volumes écoulés en 2024, alors que le marché global de la bière recule de – 1,6 %. La canette séduit désormais tous les segments, des grandes marques historiques aux brasseries indépendantes, et enregistre des croissances sur toutes les catégories : bières de luxe (+ 7 % contre – 8,1 % pour l’ensemble du marché), bières spéciales (+ 2 % contre – 3,9 %) et bières de spécialités (+ 4,8 % contre 1,3 %). « L’intérêt grandissant des Français pour les bières, couplé aux vertus de protection idéales offertes par l’emballage métallique aux brassins, n’y sont pas étrangers » , commente La Boîte Boisson.

La canette Made in France

L’industrie française de la canette, forte de 28 usines et centres de recherche, emploie 4 000 personnes et produit environ 6 milliards de canettes par an, dont 20 % sont exportées. Depuis 2020, la totalité des canettes françaises est fabriquée en aluminium, plus léger et plus facilement recyclable que l’acier. Le principal site français de production de bobine d’aluminium à destination des fabricants de canettes, Constellium (Colmar, 68), a inauguré l’an dernier un tout nouveau site de recyclage avancé destiné au ‘Can to Can’, permettant de réinjecter l’aluminium recyclé directement dans la fabrication de nouvelles canettes, renforçant ainsi le modèle d’économie circulaire. « La canette est circulaire dans son ADN » , soulignent les professionnels du secteur, mettant en avant son rôle déterminant dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Objectif 90 % de recyclage : une mobilisation collective

Face aux enjeux environnementaux, les fabricants réunis au sein du GIE La Boîte Boisson se sont fixé un objectif ambitieux : atteindre 90 % de canettes recyclées en 2030, contre une moyenne actuelle de 50 % en France (et 75 % en Europe). Pour y parvenir, ils misent sur la mobilisation collective, en lançant une charte d’engagement avec l’ensemble des acteurs publics et privés. « Pour accélérer le recyclage des canettes à domicile et hors domicile, nous demandons à tous les acteurs privés et publics, y compris les collectivités locales, d’agir à nos côtés à travers une charte d’engagement« , expliquent les signataires, parmi lesquels figurent notamment le GIE La Boîte Boisson, France Aluminium Recyclage, l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalités.

Le programme Chaque Canette Compte, pionnier de la collecte hors domicile, fête cette année ses 15 ans et a touché plus de 51,3 millions de contacts, permettant de collecter 180 millions de canettes pour recyclage, grâce à une mobilisation permanente sur les plages, dans les concerts, lors de grands événements sportifs… Fort de ce succès, il intègre la charte d’engagement et se met au service des collectivités locales pour développer la collecte hors foyer. En 2025, le programme s’élance pour la première fois sur les pistes de ski, afin de continuer à collecter et sensibiliser là où les canettes sont consommées.