Confronté à une forte baisse de ses ventes mondiales, Heineken engage une profonde restructuration de son siège, invoquant la nécessité de « simplifier l’organisation » et d’accélérer sa transformation numérique.
Heineken franchit un nouveau cap dans sa transformation. Le deuxième brasseur mondial annonce une importante restructuration de son siège social à Amsterdam (NL) : 400 emplois sont concernés, entre suppressions et transferts, représentant près d’un quart des effectifs du site. Face à un contexte global de baisse de la consommation de bière en Europe et aux Etats-Unis, la direction entend faire de la capitale néerlandaise un centre stratégique plus agile et plus focalisé sur l’innovation.
Un plan choc pour un marché en crise
La décision officialisée hier s’inscrit dans dans le programme de réorganisation Evergreen 2030, une stratégie numérique « pour rendre le siège plus agile, fort, simplifié » selon les mots de Dolf van den Brink, président-directeur général du groupe. Déjà 200 postes ont été supprimés au siège en 2024, rappelle retaildetail.be et Heineken entend rationaliser encore davantage : certains postes disparaîtront, d’autres seront déplacés à l’étranger ou vers des services partagés du groupe. Derrière les chiffres, quelque 400 collaborateurs voient aujourd’hui leur avenir professionnel bouleversé.
L’entreprise souhaite ainsi « exploiter pleinement le potentiel des données et accélérer l’innovation » , selon Dolf van den Brink. La mise en place de 40 nouvelles plateformes numériques doit permettre, selon la direction, de simplifier l’organisation, de réduire la complexité interne et, in fine, de restaurer l’avantage concurrentiel du groupe face à des acteurs mondiaux tels que AB InBev.
Le siège d’Amsterdam doit devenir un centre stratégique à taille humaine, recentré sur la « force, la simplicité et l’agilité » , avec des prises de décisions plus rapides. Plusieurs divisions du siège sont appelées à disparaître ou à changer d’échelle, pour laisser place à une structure plus conforme aux défis du marché mondial de la bière. Si l’avenir donne raison à Dolf van den Brink, Heineken pourrait transformer une crise en opportunité, au prix d’un bouleversement social majeur.
L’accompagnement social promis
Heineken a reconnu officiellement l’impact social « profond » de cette mesure. « Nous nous engageons à accompagner chaque collaborateur concerné avec soin et respect » , assure la direction dans un communiqué. Ce soutien inclut des mesures de reclassement, de formation et d’indemnisation. Cette approche est jugée indispensable pour limiter un climat d’anxiété sociale déjà latent à Amsterdam, alors que la précédente vague de suppression intervenue un an plus tôt avait déjà laissé des traces.
Contexte tendu pour la bière mondiale
Ce virage stratégique n’est pas isolé : la marque à l’étoile rouge est confrontée à une chute de ses ventes, attribuée à l’inflation, aux changements de consommation et aux négociations serrées avec la grande distribution. En juillet, l’action Heineken a d’ailleurs chuté après l’annonce de mauvais résultats semestriels. Cependant, le groupe, propriétaire également des marques Amstel et Kingfisher, maintient son objectif de hausse de bénéfice opérationnel de 4 à 8 % en 2025, comptant sur cette nouvelle organisation pour rebondir. ■

Journaliste depuis plus de 25 ans, Olivier Malcurat entre dans l’univers de la bière en 2018 avec Le Pod’capsuleur, le podcast qui aime la bière et les brasseurs. En juillet 2020, il lance Bière Actu, un site d’information indépendant et participatif à trois voix : journalistes, experts et professionnels.